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« Alice marche sur Fabrice », Rosalie Roy-Boucher

Bouclard, janvier 2023, 176 p., 16 €

Voici un premier roman prometteur. Après que Fabrice l’a quittée, Alice, Québécoise de vingt-six ans, a démissionné, vidé son appartement, vendu ses affaires et traversé l’Atlantique pour se lancer sur le chemin de Compostelle depuis le Puy-en-Velay : environ mille cinq cents kilomètres de marche en deux mois et demi. Pourquoi s’infliger une telle épreuve ? Alice elle-même ne le sait pas vraiment ; pas sportive, pas croyante, pas férue d’histoire, elle veut juste être loin du traître et de sa nouvelle compagne qu’elle souhaite voir mourir dans d’atroces souffrances (voici peut-être sa seule prière). C’est donc une fille pleine de colère qui débute son aventure, parce que la pluie, la faim, la fatigue, les ampoules aux pieds et le sac à dos, ce n’est pas l’idée que l’on se fait d’une thérapie. Alors Alice tempête, mais toujours en mouvement, et au fil des jours elle croise le peuple des pèlerins engagés comme elle dans ce périple : sportifs, religieux, illuminés, amochés, bref une communauté humaine à laquelle elle s’intègre bon gré mal gré. D’ailleurs elle jure un peu moins, écoute, s’étonne, rit, et s’habitue à cette routine en marche, parfois seule, à deux ou à quatre. Rosalie Roy-Boucher possède un humour irrésistible et l’art de croquer ses personnages en quelques mots, d’évoquer les situations les plus triviales et de nous mettre un grain de poussière dans l’œil tant les sentiments sont forts et vrais, sans aucun effet de manche. Ironique, drôle et émouvant, ce roman est aussi en creux une jolie réflexion sur les fardeaux dont on se charge et que l’on doit savoir déposer pour alléger sa vie et accueillir l’imprévu.

Aline Sirba

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