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« Beyrouth entre parenthèses », Sabyl Ghoussoub

L’Antilope, L’antilopoche , septembre 2022, 141 p., 7,95 €

« Lorsqu’on est libanais, Israël, on n’y va pas » : l’auteur enfreint pourtant l’interdit, jugeant que son passeport français le préservera des ennuis. Mais c’est sans compter sur la vigilance des services douaniers de Tel-Aviv qui procèdent à un interrogatoire exhaustif, une fouille de son téléphone et un examen de ses photographies, l’épisode donnant lieu à des quiproquos parfois très drôles. Une soldate de l’armée israélienne le sonde sur ses origines, les opinions politiques de ses parents, l’identité de ses amis, la raison de sa venue en Israël, et les photos provocatrices de son travail artistique ne laissent pas de la surprendre : pourquoi cette série avec des gens portant un keffieh ? Et cette mise en scène d’un attentat terroriste est-elle vraiment de l’art ? Notre touriste dispose de peu d’atouts pour amadouer ses interlocuteurs… Une fois libéré, la visite d’Israël se mue en quête de soi. Juifs et Palestiniens sont méfiants à son égard, il n’y a pas de place ici pour un chrétien libanais. La langue et les quartiers arabes, le mur de séparation avec les territoires palestiniens, même la vieille ville de Jérusalem, tout le ramène à son identité libanaise. La culpabilité et la schizophrénie le tenaillent. Pourquoi devrait-il faire sien le conflit entre le Liban et Israël ? L’Histoire, la guerre, sa famille sont autant de barbelés qui l’enferment dans un camp, et qu’il voudrait arracher. De façon inattendue, ce périple chez le voisin israélien ramène l’artiste cosmopolite vers le Liban qu’il aperçoit depuis la frontière. Voilà un court roman nostalgique et spirituel qui nous parle avec subtilité de l’identité, le cœur en guise de passeport et les mots comme passe-murailles.

Aline Sirba

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