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« Border la bête », Lune Vuillemin

La Contre allée, janvier 2024, 184 p., 19 €

Voici un roman qui possède tous les ingrédients du « nature writing » ou écriture de la nature ; il se passe en Ontario, au milieu des lacs et des forêts, où la narratrice rencontre par hasard deux agents animaliers chargés de recueillir les bêtes sauvages en détresse. En l’occurrence, une orignale vient de se blesser sur les berges d’un lac gelé. La jeune femme accompagne alors les soigneurs jusqu’au refuge où elle décide de poser son bagage qui contient les cendres d’un père adoptif. Ne rechignant pas à l’ouvrage, elle intègre rapidement le duo composé de Jeff, l’homme à l’œil de verre, et Arden, la femme aux mains d’araignée, chacun possédant sa part de mystère et de secrets. Lune Vuillemin excelle à décrire le silence immense de ces grands espaces hostiles à l’homme, la lumière changeante, les transformations infimes de la nature, l’arrivée du printemps, l’eau sous toutes ses formes qui façonne le paysage, les cris et le regard des animaux, la vie même imperceptible et la mort impitoyable. Faite de désirs et de colère, les sens aux aguets, l’héroïne éprouve des sensations intenses, se nourrit de tout, confectionne un herbier sonore et apprend les langages de la faune et de la flore, mais aussi ceux de l’amitié et de l’amour, de la fatalité parfois, de la beauté souvent. Récit initiatique par bien des aspects, « Border la bête » est un roman hypnotique et sensoriel, une ode merveilleuse à la nature.

Aline Sirba

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