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« En vérité Alice », Tiffany Tavernier

Sabine Wespieser, janvier 2024, 288 p., 22 €

Tiffany Tavernier nous ouvre les portes d’un monde confidentiel à travers Alice, une jeune femme maltraitée par son compagnon à la recherche d’un emploi, qui tombe par hasard sur cette petite annonce : « L’Association diocésaine de Paris recrute un(e) assistant(e) pour le promotorat de la cause des saints ». Non-croyante et dépourvue de culture religieuse, Alice se voit confier par un évêque débordé le classement des dossiers préparatoires de canonisation, au sein d’une ambiance de travail conviviale dont elle se tient à l’écart par peur de représailles une fois rentrée chez elle. L’activité à laquelle elle n’entend d’abord rien (le vocabulaire latin lui échappe, elle confond les différentes étapes du processus, les noms se mélangent dans sa tête…) l’extrait pourtant de son quotidien malgré la surveillance serrée de son bourreau. L’univers de la cause des saints dont l’héroïne pénètre les arcanes fascine tout autant le lecteur parfois incrédule sans jamais l’ennuyer. Peu à peu, Alice se pique de curiosité pour la vie de ces candidats à la sainteté et finit par s’identifier aux martyrs, persuadée dans son aveuglement de parvenir à amender son conjoint par la seule force de son amour. Alice, sainte et martyre ? L’enjeu est bien ici le salut d’une femme sous emprise dont la confiance en l’autre pourrait être l’une des clés de sa délivrance. Sensible et juste, le roman nous parle sans la minorer de la cause des victimes de violences conjugales via un prisme original et diablement maîtrisé.

Aline Sirba

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