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« GPS », Lucie Rico

P.O.L, août 2022, 224 p., 19 €

Dans son deuxième roman, Lucie Rico pose un regard sans concession sur notre société contemporaine. Ariane, la trentaine, journaliste au chômage, agoraphobe, reçoit une invitation de sa meilleure amie Sandrine à assister à sa fête de fiançailles. Pour lui faciliter le trajet, cette dernière, symbolisée par un point rouge sur son téléphone, la guide par GPS. Le lendemain de la fête, Ariane apprend que Sandrine a disparu, et dans le même temps, qu’un cadavre brûlé a été découvert non loin du lieu de la réception. Coïncidence ? Pourtant, le point rouge est toujours là sur le téléphone, qui continue de se déplacer. Commence alors une véritable traque sur écran ; sans sortir de chez elle, Ariane suit avidement les pérégrinations de son amie via les outils de géolocalisation, et le roman qui commençait comme une satire prend des allures de thriller. Si Ariane est un personnage attachant, son inadaptation est perçue comme un phénomène symptomatique qui s’étend par la consommation des écrans. Avec le monde sous vidéo-surveillance à portée de clic, il n’est plus besoin de sortir et de risquer la confrontation avec un réel potentiellement effrayant, on préfère mettre ce dernier à distance grâce au filtre de l’écran, quitte à ce que la fiction dépasse la réalité. Il n’est pas anodin qu’Ariane soit fait-diversière dans une société où le sensationnalisme remplace les grands enjeux dans l’esprit d’un public toujours plus amateur de fictions en série, incapable d’interactions sociales. Roman d’une grande acuité, à l’écriture vive et acérée et à l’humour grinçant, « GPS » tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page, l’entraînant aux limites de la folie.

Aline Sirba

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