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« L’île haute », Valentine Goby

Actes Sud, août 2022, 288 p., 21,50 €

Le nouveau titre de Valentine Goby se déroule sur fond d’Occupation et débute par l’arrivée d’un enfant de douze ans en Haute-Savoie un jour de février 1943. Officiellement, Vadim, qui s’appelle désormais Vincent, a quitté Paris pour soigner son asthme à Vallorcine. La montagne est un monde mystérieux pour le petit citadin qui se mue en explorateur ; ici, tout est à découvrir et à nommer. Il a pour guide Moinette, une fillette du cru qui l’initie à la vie en altitude et aux secrets. Au fil des saisons, des travaux et des jours, le héros s’habitue à sa nouvelle routine, entre école, messe et soin aux animaux, et passe de l’enfance à l’adolescence en même temps qu’il apprivoise cet espace enchanteur. Malgré la présence des soldats italiens, Vadim en oublie qu’il n’est pas d’ici, qu’il est juif donc menacé. Des sensations inconnues le submergent, son vocabulaire s’enrichit du patois local au contact de sa famille d’accueil, la vie prend de l’ampleur. Au cœur des montagnes, la compréhension passe par l’expérience, tout est leçon de choses pour celui dont les sens sont aux aguets. L’écriture visuelle agit comme la palette d’un peintre, et la synesthésie participe de la poésie du récit ; Vadim lui-même est un artiste en herbe, il dessine, mêle couleurs, sons, formes et mots. L’autre personnage principal est la montagne, refuge sacré qui se montre parfois inhospitalier. Ainsi l’autrice rend-t-elle hommage au réseau de Résistance clandestin créé par le prêtre de l’histoire, aidé des Vallorcins et des guides de haute montagne. Roman d’initiation, de montagne et de Résistance, « L’île haute » est une réussite, les personnages attachants et les tableaux de la nature en font un vrai bonheur de lecture.

Aline Sirba

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