Zulma, août 2022, 576 p., 26,50 €
Auteur du « Garçon », prix Femina 2016, Marcus Malte nous embarque aux Etats-Unis dans un tourbillon romanesque. Tout commence au Texas en 1997 avec la mort de Phily-Jo, illuminé ou génie, qui affirmait avoir inventé une machine révolutionnaire, capable de fournir de l’énergie en se passant des groupes nucléaires, pétroliers ou gaziers. Suicide ou meurtre, voilà les hypothèses de son décès que sa sœur et son beau-frère, Michelle et Gary Sanz, tentent d’élucider. Un étudiant accompagné d’une future avocate prendront la relève, avant qu’une jeune femme psychotique ne s’en mêle également. Chaque personnage est le narrateur de son récit, ce qui donne un roman choral et gigogne sur une cinquantaine d’années où chacun reprend tous les éléments afin de résoudre cette affaire, comme les pièces d’un puzzle dont l’image originale bougerait sans cesse. Cette intrigue aux allures de thriller à plusieurs niveaux d’interprétation apparaît certes ludique, mais le tout sert une réflexion sur des enjeux contemporains tels que le climat et les sources d’énergie, les lobbys, la peine de mort, la désinformation et le complotisme. Marcus Malte manipule son lecteur et brouille les indices, comme ce pseudo traducteur du roman du nom d’Edouard Dayms, personnage d’un précédent livre de l’auteur. Ce dernier utilise les clichés d’une Amérique romancée pour en faire la critique. Faut-il aussi se méfier du roman ? Comment démêler la réalité de la fiction ? Comment déchiffrer la réalité ? Autant de questions légitimes au temps des fausses informations alors que chacun fabrique son propre récit subjectif. Jouissif et addictif, ce roman plein d’intertextes prouve une fois de plus la virtuosité de l’écrivain.
Aline Sirba